LE LEADERSHIP ET LE DÉVELOPPEMENT DU SPORT PAR UNE STAGIAIRE (Réimpression avec la permission de ACAFS)

L’offre d’occuper  mon poste actuel d’agente de maintien des capacités (AMC) dans les îles Malouines dans le cadre du programme de maintien des capacités de Jeux du Commonwealth Canada (JCC) a suscité beaucoup de nervosité chez moi. Comment puis-je influencer un programme national de sport alors que je n’avais que 29 ans, deux ans après avoir obtenu ma maîtrise en gestion du sport, et que j’ai toujours fait carrière en milieu communautaire? J’ai acquis mes connaissances du sport national dans le cadre de mes études au Canada et en Grande-Bretagne, deux pays à multiples paliers d’organismes directeurs, où l’expérience requise pour travailler à l’un ou l’autre de ces paliers dépassait de loin tout ce que j’avais accompli à ce jour. Ces craintes, et le fait que je devrais déménager très loin vers le sud, à plus de 7 000 kilomètres, ont soulevé quelques hésitations, mais comment refuser? Mon mandat a débuté en avril 2011.

Le programme de maintien des capacités en est à sa troisième année d’existence. Il profite du soutien financier de la Fédération des Jeux du Commonwealth et de Solidarité olympique, et a pour but d’envoyer de nouveaux diplômés universitaires dans des pays en développement (en matière de sport et pas nécessairement au niveau économique) afin d’aider à l’administration du sport et à la mise en œuvre de Zeus, la nouvelle base de données de gestion des Jeux de la Fédération des Jeux du Commonwealth. Les tâches des AMC varient selon les pays hôtes et sont déterminées par le superviseur. Le programme constitue une occasion d’apprentissage pour le pays hôte et le stagiaire. Le pays hôte profite de l’expérience sportive et administrative du stagiaire, et le stagiaire acquiert de l’expérience de travail à un niveau national.

JCC a offert une semaine de formation avant le départ afin de nous préparer pour l’année à venir. Cette formation a été importante pour moi car elle m’a aidée à bien comprendre les attentes à mon égard et ce que je pouvais réaliser, et elle m’a rassurée, à savoir que mes connaissances et mon expérience iraient loin dans un pays dont le programme sportif était encore en développement. J’ai appris que les AMC devaient posséder des aptitudes pour le leadership et suffisamment de connaissances des programmes sportifs développés pour aider le pays hôte à adapter et à améliorer sa propre structure.

Travailler dans un pays en développement comporte des difficultés. Les gens sont réfractaires au changement et ils aiment encore moins que ces changements soient apportés par des étrangers. J’ai rapidement constaté qu’il faut rentrer dans le rang pour créer une structure sportive durable dans les îles Malouines. Il faut respecter les désirs des citoyens, c’est-à-dire écouter leurs idées et leurs suggestions, ainsi que les paroles des gens qui administreront la structure remise sur pied. J’ai rencontré les représentants de tous les sports représentés à l’échelle internationale afin de connaître leurs besoins, ce qu’ils reconnaissent comme étant leurs forces et leurs faiblesses, et ce dont leur club a besoin pour se développer. J’ai fait le même exercice, à plus petite échelle, avec l’organisme hôte, l’Association des Jeux d’outremer des îles Malouines (FIOGA) afin d’obtenir une rétroaction constante de ce qu’elle estime utile et de ce qui doit être amélioré.

CAAWS Logo and Name CL.jpgLe leadership consiste à diriger les choses, dans un tel contexte. J’ai animé des discussions au sein des comités que j’ai rencontrés afin d’organiser des séances de remue-méninges productives. J’ai aussi dirigé une démarche administrative en fournissant des modèles types de documents organisationnels (p. ex., constitution, règlement administratif, plans à long terme, modèles de développement de l’athlète, etc.) et en donnant de nombreux exemples de la manière de les adapter afin de répondre aux besoins de l’association. Je terminais les rencontres en résumant ce qui avait été dit au cours de la réunion, en ajoutant mes propres suggestions et finalement, en offrant mon aide, s’ils en avaient besoin.

L’AMC affecté aux îles Malouines s’occupe aussi de l’entraînement et du développement des athlètes. Je me rappelle des discussions sur le sujet lors de la semaine de formation, pendant lesquelles on nous a expliqué à quel point il pouvait être facile de se laisser prendre dans le tourbillon de l’entraînement, car nous avions été choisis en fonction du sport que nous pratiquons ou dans lequel nous agissons comme entraîneurs et entraîneures. Une telle approche ne donne pas de résultats permanents, car notre mandat ne dure qu’un an. Je me suis donc dit que je formerais les entraîneurs et entraîneures afin qu’ils puissent entraîner les athlètes. Ainsi, les athlètes ne comptent pas sur moi pour animer une séance d’entraînement productive et je peux transmettre mes capacités aux bénévoles locaux passionnés qui veulent aider, mais qui ne possèdent pas encore les outils pour le faire.

L’absence d’un programme national pour les entraîneurs et entraîneures et de centres nationaux d’entraînement pour les athlètes, comme c’est le cas aux îles Malouines, est une des difficultés de travailler dans le sport dans un pays en développement. Des liens ont été créés avec des clubs de l’étranger, surtout au Royaume-Uni, afin de surmonter cet obstacle. Cette collaboration permet d’envoyer des athlètes aux compétitions et à des stages d’entraînement, et aussi d’importer des entraîneurs ou entraîneures afin de travailler avec les athlètes chez eux et former leurs propres entraîneurs et entraîneures. Cette solution coûte cher, mais il est plus efficace de développer le sport aux îles Malouines que d’envoyer les athlètes les plus forts se développer à l’étranger.

Travailler dans le sport international a été une expérience difficile et enrichissante. J’ai mis quelques mois à apprendre la meilleure méthode pour influencer le changement et que le leadership ne se limite pas à suivre l’exemple. Mon expérience a été positive et enrichissante à ce jour. Je suis heureuse d’avoir pu profiter d’une telle occasion et j’espère en tirer le maximum tout en pouvant communiquer ce que j’ai déjà appris.

Pour en savoir plus sur Natalie, rendez-vous sur le site http://www.commonwealthgames.ca/ids/what-we-do/ids-internships/natalie-brett-falkland-islands.html.