Les Jeux du Commonwealth : la meilleure façon de préparer nos entraîneurs pour les Olympiques.

Les Jeux du Commonwealth : la meilleure façon de préparer nos entraîneurs pour les Olympiques.

L’expérience a parfois été accablante, mais a su rapporter d’énormes dividendes dans les années qui ont suivi. Réunions à 7 heures du matin pour connaître les horaires d’entraînement irréguliers, heures de repas préétablies, caprices du système de transports aux Jeux; Tony Smith avoue que la tête lui tournait.  « J’avais déjà participé à une demi-douzaine de championnats du monde et plusieurs compétitions internationales », déclare l’entraîneur de gymnastique chevronné qui produit depuis 1995 des athlètes membres de l’équipe nationale en série à l’Université de Calgary.  « Mais rien ne m’avait préparé pour le rythme effréné et toutes les distractions qui nous attendaient aux Jeux du Commonwealth de Melbourne, en Australie. » Mais plutôt que de se plaindre du fait qu’il était complètement débordé dans son rôle de gérant de l’équipe canadienne de gymnastique aux Jeux de 2006, Smith soutient que c’était cette compétition – plus que toute autre – qui l’a préparé pour les Olympiques, deux ans plus tard. « J’ai tellement appris à Melbourne qu’une fois à Beijing, je savais exactement à quoi m’attendre, où obtenir l’aide dont j’avais besoin et comment aider mes athlètes à se préparer », ajoute Smith, qui a entraîné des équipes canadiennes lors de compétitions dans 29 pays différents. « À cause de l’expérience de Melbourne, j’ai pu concentrer beaucoup plus de temps et d’énergie à ma tâche d’entraîneur. » L’habileté d’un entraîneur à gérer de multiples tâches dans le cadre d’un environnement multisports est l’un des facteurs clés pour atteindre des podiums olympiques et paralympiques. « On ne peut tout simplement pas s’attendre à ce que nos entraîneurs performent à leur meilleur si on les parachute sans préparation dans une compétition olympique lorsqu’ils n’ont pas appris à gérer les exigences et les distractions liées à des Jeux multisports d’envergure », ajoute Jeff Thomson, directeur de programme de la gymnastique artistique masculine de Gymnastique Canada. « Il doit s’opérer une désensibilisation systématique et nous croyons que les Jeux du Commonwealth sont l’environnement idéal pour ça. » Selon Thomson, les Jeux du Commonwealth fournissent une opportunité aux athlètes et aux entraîneurs canadiens de s’imposer lors d’une compétition de calibre mondial, en plus de reconnaître le travail à accomplir pour atteindre le prochain échelon de performance. « En général, on ramène des médailles des Jeux du Commonwealth », explique-t-il. « Par exemple, lors des derniers Jeux de la Jeunesse du Commonwealth à l’île de Man, notre équipe de gymnastique masculine a saisi l’occasion et nous a surpris en remportant la médaille d’argent à la compétition par équipe. Mais en plus, ils ont gagné une motivation additionnelle car ils savent maintenant ce qu’ils doivent faire pour battre l’équipe d’Angleterre, l’un des meilleurs programmes du monde. » Tony Smith soutient que le succès des Jeux de Melbourne a renforcé la confiance de l’équipe et les a mené vers des succès sans précédent aux compétitions internationales d’envergure subséquentes. « Nous avons obtenu du succès en Australie et ce succès nous a motivé à vouloir y goûter à nouveau », dit Smith. « Aux championnats du monde qui ont eu lieu un peu plus tard cette année-là, nous avons obtenu nos meilleurs résultats à vie aux préliminaires en nous classant cinquième au total. Aucune équipe canadienne n’avait obtenu d’aussi bons résultats. Sans le succès de Melbourne, je ne crois pas qu’on aurait suffisamment cru en nos capacités pour percer le top cinq mondial. »

Pour Plongeon Canada, les Jeux du Commonwealth offrent un environnement utile pour valider leurs préparatifs olympiques. « Pour nous, les Jeux du Commonwealth sont d’une grande importance », confirme Mitch Geller, chef principal technique de Plongeon Canada. « C’est une générale qui nous permet d’identifier les protocoles qui fonctionnent et ceux qui doivent être ajustés en vue de nos préparatifs finaux pour les Olympiques. » De manière tout à fait intentionnelle, Plongeon Canada y délègue ses entraîneurs olympiques afin qu’ils travaillent avec leurs athlètes. « C’est la meilleure façon de simuler ce qu’ils vivront aux Olympiques et d’observer la réaction des entraîneurs aux différents éléments de stress et la manière dont ils travaillent ensemble », note Geller. « On vit toutes sortes d’expériences inhabituelles lors d’un événement comme celui-là, des expériences qu’on n’enseigne pas à l’école des entraîneurs. » Prenons par exemple le cas de Dallas Ludwick, entraîneure de l’équipe nationale. L’un de ses plongeurs, Kevin Geyson, a de bonnes chances de se qualifier pour Londres à l’une des épreuves de la tour. C’était là la logique de l’inclure à la délégation d’entraîneurs pour les Jeux du Commonwealth de Delhi en 2010. Pour ajouter une touche additionnelle de réalité à la situation, Ludwick était hébergée dans un hôtel à l’extérieur du Village des Athlètes; le même scénario qui l’attend à Londres.  « Il y a définitivement des défis uniques lorsqu’on n’est pas au Village : tu te trouves marginalisée des communications, tu n’as pas accès au transport des Jeux et ça prend plus de temps pour se rendre à l’entraînement et aux compétitions. Mais je m’y suis fait et ainsi, je serai une entraîneure plus efficace à Londres. C’était une expérience d’apprentissage fantastique », avoue-t-elle. 

Ludwick fait présentement partie du programme d’apprentissage en entraînement d’une équipe nationale (« PAEEN ») de l’Association canadienne des entraîneurs (« ACE »), édition 2010-2013. Sheilagh Croxon de l’ACE explique que les Jeux du Commonwealth ont fourni des occasions d’apprentissage et de développement spécialisés à des entraîneures prometteuses. « Jeux du Commonwealth Canada nous a approché il y a quelques années pour déterminer si nous étions intéressés à établir un partenariat pour les Jeux de Delhi 2010 et les Jeux de la Jeunesse de 2008 à Pune, en Inde », partage Croxon. « Nous avons sauté sur l’occasion et fourni du financement pour permettre à Christine Laverty (athlétisme) et Junya Chen (tennis de table) d’entraîner à ces deux Jeux. L’expérience a été inestimable. »  Croxon est optimiste que le partenariat se poursuivra jusqu’aux prochains Jeux du Commonwealth en 2014. « Il y a beaucoup d’avantages pour nos entraîneures féminines. Nous appuyons définitivement l’idée que d’autres pourraient contribuer à l’Équipe canadienne à Glasgow. »

 

Les Jeux du Commonwealth de 2014 figurent également dans les plans de Jeff Thomson. Gymnastique Canada considère que les Jeux de Glasgow sont une étape critique dans leurs préparatifs pour les Olympiques d’été de 2016. « On planifie d’utiliser la même équipe d’entraîneurs à ces deux compétitions d’envergure », partage Thomson. « Les apprentissages de nos entraîneurs à Glasgow influenceront certainement nos préparatifs finaux pour Rio. Je ne peux pas imaginer une meilleure manière de préparer nos entraîneurs pour les Olympiques. »

 

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