G. Heller lance un défi aux intervenant(e)s de sport
George Heller lance un défi formidable aux intervenant(e)s de sport
Par George Heller, Président de la Fondation des Jeux du Commonwealth Canada
Publiée dans le Globe and Mail, le lundi 2, 2008
En tant que partisan passionné du sport amateur au Canada, j’ai des opinions bien arrêtées, fondées sur mes antécédents en organisation et en stratégie.
Mon initiation a débuté quand on m’a demandé de donner des fondations solides aux Jeux du Commonwealth de 1994 qui allaient se dérouler dans moins de trois ans à Victoria (Colombie-Britannique). Le comité organisateur avait fait fausse route à cause d’un manque de stratégie, d’organisation et d’exécution.
Pendant que nous réglions les problèmes, il est apparu clairement que le sport amateur est un type de club sportif contrôlé strictement qui ne veut pas faire participer de personnes de l’extérieur ou ne sait pas comment engager de telles personnes. Le sport amateur a, selon mon observation, une longue passion, une courte vision, et une attitude conflictuelle dans ses démarches. De ce fait, il n’a pas réussi à conquérir sa juste part d’attention et de financement au Canada, ce qu’il doit absolument obtenir pour réussir.
La mise en opposition de l’organisation d’une entreprise et des divers modèles du sport est éclairante.
Une entreprise, c’est la collaboration de diverses personnes et habiletés à la réalisation d’un objectif commun mesurable et présenté clairement à tous et à toutes. Une entreprise, c’est fondamentalement un effort horizontal, où chaque unité de l’entreprise suit un cheminement précis pour atteindre l’objectif commun impératif.
Le sport amateur est un effort vertical, où chaque sport, chaque événement et chaque participant ou participante sont axés sur un intérêt personnel restreint, au détriment de l’intérêt commun. Cela a une incidence négative sur la capacité du sport d’être considéré comme étant davantage que les éléments qui le constituent et d’exalter l’imagination du grand public et des secteurs public et privé.
Une entreprise s’efforce de fournir des produits et des services à un segment de clientèle défini. Demandez à 10 personnes leur définition du sport amateur et vous obtiendrez probablement 11 réponses différentes. Le sport amateur doit clarifier à l’unisson, pour les divers publics, les différences énormes qui existent entre le sport récréatif et le sport de haut niveau. Les trois segments de clientèle du sport amateur — le public, les gouvernements et le secteur privé — soutiendront potentiellement ces deux types de sport si chacun des deux répond aux attentes et aux besoins de chaque segment. Le fait de ne pas disjoindre le sport récréatif et le sport de haut niveau a désavantagé le sport. Bien qu’étant tous les deux de nobles causes, chacun procure des avantages différents qui doivent être définis. Il faut savoir ce que l’on vend et à qui on le vend. Il est aussi infructueux de faire valoir les avantages de l’obtention d’un plus grand nombre de médailles à un client axé sur les activités sportives communautaires que de mettre en valeur les avantages de la pratique des sports par les jeunes devant une cliente centrée sur le sport de haut niveau.
Une entreprise s’efforce de mettre en rapport la demande avec des produits et des services, en se servant de la publicité pour convaincre le client ou la cliente qu’elle a ce qu’il ou elle veulent. Le message est concis et ciblé et les avantages sont formulés clairement.
Le sport amateur doit clarifier et quantifier les avantages de ses produits, puis rapprocher le client ou la cliente et le produit. Les trois segments de clientèle du sport sont des acheteurs éventuels des deux produits.
Une entreprise s’efforce d’atteindre l’excellence dans chacune de ses unités et toutes celles-ci se font concurrence pour obtenir des ressources et de l’influence. Le ou la chef de chaque unité a également une responsabilité envers l’entreprise tout entière. Il revient à la haute direction de s’assurer que les unités n’atteignent pas l’excellence au détriment de l’excellence de l’entreprise. C’est cette collaboration qui assure la réussite.
Le sport amateur n’a pas appris cette leçon capitale. Tout fonctionne verticalement, sans organisation ou processus pour gérer l’ensemble. L’absence de perspective horizontale est le plus grand handicap à l’accession du sport amateur au niveau supérieur. Malheureusement, ceux et celles qui en pâtissent le plus sont les athlètes. Pour réaliser leur potentiel, les athlètes ont besoin d’un système de soutien homogène.
Des dirigeants et des dirigeantes efficaces sont des éléments qui déterminent le sort de toute entreprise. Les dirigeants et dirigeantes doivent avoir une vision de la destination où ils mèneront l’organisation. Ils doivent bien connaître les facteurs de succès essentiels qui conduiront l’entreprise à la réussite. Et, ils doivent pouvoir communiquer cette vision à toutes les personnes concernées, en expliquant comment chacune d’elles contribue individuellement au succès global de l’entreprise. Les dirigeants et dirigeantes sont résolus, francs et honnêtes, et font des choix difficiles. Ils comprennent la différence qui existe entre le fait de laisser tout le monde avoir son mot à dire et celui de donner satisfaction à tout le monde.
Le nombre d’organismes de sport constitue à lui seul une entrave au leadership dans le sport. Les dirigeants et dirigeantes du sport doivent trouver des points communs, supprimer le double emploi, réaffecter les ressources au produit et au développement du produit et créer une vision à laquelle tous les Canadiens et Canadiennes peuvent croire. Pour les aider à réussir, je les encourage à obtenir de l’expertise, des perspectives et des compétences en dehors du milieu du sport.
En raison des Jeux olympiques d’hiver de 2010 à Vancouver, les secteurs public et privé augmentent leur soutien au sport amateur. Notre société, à elle seule, a promis un don de 20 millions de dollars sur sept ans. La solution continue résidera dans le fait que les athlètes et les entraîneurs et entraîneures rencontrent le public pour faire du sport amateur un élément réel et personnel, racontent leur histoire, renforcent la fierté et fassent valoir les avantages.
En bref, bien que j’éprouve un profond respect pour ce qui a été réalisé, je dis aux dirigeants et aux dirigeantes du sport au Canada : «Tirez des leçons du secteur des affaires. Regroupez-vous et collaborez. Nouez des relations avec des dirigeants et des dirigeantes qui ont fait leurs preuves. L’expertise est à votre portée – utilisez-la et tout le monde en bénéficiera.»
GEORGE HELLER
Membre du Temple de la renommée canadien du commerce de détail, George Heller a occupé tant au Canada que sur la scène internationale plusieurs postes de cadre supérieur en plus de 30 ans. Cet homme maintenant à la retraite est un directeur principal de Hbc, préside le conseil consultatif de la Ryerson University’s School of Retail Management et la Fondation canadienne des Jeux du Commonwealth, et est membre de l’Association internationale des grands magasins et attaché supérieur de recherche de la Fondation Asie-Pacifique du Canada.
George Heller a occupé les fonctions de président et chef de la direction des Jeux du Commonwealth de Victoria, de 1991 à 1994, et reçu du gouvernement du Canada la Médaille et citation pour service méritoire, en reconnaissance de son leadership dans le cadre des Jeux et des services qu’il a rendus au Canada.