Derek Drouin, l’appel du décathlon

Derek Drouin revient à ses premières amours. Le champion du monde et olympique du saut en hauteur ajoute le décathlon à son programme cette saison, pas par nostalgie de ses années universitaires, mais pour devenir un athlète plus complet et ménager son corps, éprouvé par un entraînement hyperspécialisé.

Après son titre aux Jeux de Rio, Drouin a avoué avoir compétitionné avec deux fractures de stress à la colonne vertébrale, une blessure si douloureuse qu’il se sentait comme un homme de 80 ans chaque matin en s’extirpant de son lit.

« Dans l’ensemble, mon corps (à l’université) était plus symétrique, alors que maintenant, je ne fais que courir et tourner à droite », a expliqué le Canadien.

Cette période universitaire qu’évoque Drouin tournait autour du décathlon. Il pratiquait cette discipline quand Jeff Huntoon, qui est toujours son entraîneur, l’a attiré aux Hoosiers de l’Indiana, bien avant qu’il se spécialise en saut en hauteur.

Je reviens à ce que je faisais à l’université, quand je me sentais le plus en confiance en compétition, quand j’étais dans la forme de ma vie. J’ai du plaisir à faire ça. Ça fait longtemps que j’ai fait ça, je suis fébrile.

Derek Drouin, champion du monde et olympique de saut en hauteur

Cette réorientation de carrière, Drouin l’avait prévue avec Huntoon après que ce dernier eut été embauché par la Fédération canadienne d’athlétisme en 2015. Les deux s’étaient aussi entendus sur le moment : après les Jeux de Rio.

L'Ontarien de 26 ans prévoit participer à quelques décathlons cette saison, avec l’objectif avoué de se qualifier dans cette discipline pour les Jeux du Commonwealth de 2018, à Gold Coast en Australie. Il vivra son premier test des épreuves combinées en compétition, en avril, à Santa Barbara.

Avec Damian Warner, médaillé de bronze à Rio, et l’étoile montante Pierce LePage, la compétition à l’interne sera relevée. Drouin et son équipe en sont bien conscients et ne se mettent pas trop de pression.

« Ça nous donne un but plutôt que s’entraîner comme nous l’avons fait ces dernières années, explique Jeff Huntoon. Si ça fonctionne, tant mieux, sinon ce n’est pas la fin du monde et il aura une autre chose à laquelle il pourra s’accrocher. Il aime ce qu’il fait chaque jour […] C’est gagnant-gagnant. »

Les 10 épreuves du décathlon :

  • 100 m
  • Saut en longueur
  • Lancer du poids
  • Saut en hauteur
  • 400 m
  • 110 m haies
  • Lancer du disque
  • Saut à la perche
  • Lancer du javelot
  • 1500 m

Un athlète « plus complet »

Que vaut Derek Drouin comme décathlonien? Il était dans le top 20 de la NCAA au 110 m haies avec les Hoosiers, rappelle Huntoon, avec un record personnel de 13,89 s. La marque canadienne, propriété de Warner, est de 13,44.

« Il y a d’autres épreuves dans lesquelles il performait très bien », ajoute son entraîneur.

Il a aussi une belle polyvalence dans les épreuves de lancers. « Il est droitier, mais peut lancer le poids et le disque de la main gauche », dit-il.

Le saut en hauteur ne sera pas un problème. Sa marque personnelle est de 2,40 m. Aucun décathlonien n’a sauté plus haut que 2,27 m.

À l’entraînement, Drouin a toujours voulu aller plus loin que la répétition des mouvements et des exercices propres au saut en hauteur. Il n’est pas rare par exemple de le voir s’exercer aux haies avant une compétition.

L’expérience du décathlon sera heureuse, croit Jeff Huntoon, parce que son protégé s’est toujours appliqué à devenir un athlète plus complet.

C’est une philosophie d’ensemble. Même s’il est un spécialiste du saut en hauteur, il s’entraîne de plein d’autres façons et ça lui permet d’être un meilleur athlète dans l’ensemble.

Jeff Huntoon, entraîneur de Derek Drouin